Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/166

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« Le diamant Beabib, dans ses caprices d’optique, ne voulut pas me permettre d’en voir davantage sur sa facette émeraude. Je laissai donc la jeune fille bengali dans son attente, à l’ombrage de son parasol soutenu par la plus jeune de ses esclaves, et peu à peu elle se perdit dans des vapeurs confuses, pareilles aux ombres du crépuscule, dans les froides régions du nord je vis encore étinceler son collier, au dernier moment, sous un dernier rayon puis la vision s’évanouit, le beau prince de Mysore ne parut pas sur l’horizon du couchant. »

*


Le sage brahmane Kosrou écouta ce récit avec un plaisir mêlé de vifs regrets ; le diamant Beabib ne lui appartenait plus, hélas ! un autre jouissait de ce trésor merveilleux ! Mais Kosrou trouvait une consolation dans la vue de la pagode voisine, dont le second étage avançait avec une grande rapidité, comme si les divins architectes du palais Mandana fussent descendus sur ce chantier terrestre pour s’associer à des confrères mortels.

Le jeune prince Zeb-Sing, possesseur du diamant Beabib, était fort instruit, comme nous l’avons dit déjà, et son instruction lui devait admirablement servir, dans ses études d’optique universelle, et surtout pour la reproduction graphique des images apparues dans les facettes de Beabib ; car un simple ignorant aurait été obligé, comme le coq de la fable, de porter Beabib à un lapidaire, pour proposer un échange quelconque. Zeb-Sing, né dans les régions équinoxiales, savait que le globe n’est favorisé par le soleil que