Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/167

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sur certaines zones et qu’en s’aplatissant vers ses pôles, il se couvre de glaces, de brouillards et de frimas. Les pays septentrionaux étaient donc parfaitement connus du jeune prince, et, à première vue, il aurait nommé de son vrai nom, Arthur-Hill, la montagne blafarde qui s’élève en Écosse, derrière Édimbourg.

Il paraît que le diamant Beabib aimait les contrastes, comme la nature sa mère, car le lendemain du jour où la rive de l’Indus s’était révélée sur une facette splendide, un ciel sombre, un horizon de neige, un paysage désolé, se déroulèrent sur la facette topaze. Zeb-Sing trouva ce contraste charmant et il contempla même avec une volupté d’artiste ces montagnes couvertes de glaçons pyramidaux, comme un épicurien savoure de l’œil les charmes d’un sorbet italien, dans les ardeurs dévorantes de l’été.

Passer des rayons de la cime volcanique de Mara-Api de Java, aux paysages de l’Écosse, est une transition délicieuse pour un Indien. Les lèvres altérées du jeune prince, s’inclinaient sur l’horizon d’Écosse, comme pour se rafraîchir, et elles aspiraient une fraîcheur délicieuse.

Voici à ce sujet ce que le jeune prince raconta tout de suite au brahmane toujours avide des récits merveilleux puisés dans le foyer inépuisable du diamant Beabib.