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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/240

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Sanali, qui connaît tous les secrets de la nature, et la vertu de toutes les herbes indiennes. Sanali peut-être m’enseignera le secret de mettre tout le golfe Arabique dans une épingle. Mais cela me paraît toujours assez difficile à obtenir.

— L’amour obtient tout, dit Haïva.

— On le dit, — murmura tristement Arzeb.

En arrivant le soir chez le jongleur Sanali, Arzeb lui apporta de riches présents, selon l’usage. Ensuite, il lui raconta aussi selon l’usage indien le dernier rêve qu’il avait fait.

Sanali écouta le rêve et lui dit :

— Arzeb, combien as-tu vécu, dans ce rêve, avec tes douze mille reines ?

— Je crois avoir vécu au moins douze mille ans, répondit Arzeb.

Et en combien d’heures ?

— En six heures.

— C’est bien ! dit Sanali, et maintenant dis-moi ce que je puis faire, selon tes vœux.

— Bon et sage jongleur, dit Arzeb, j’aime Haïva, et cette fille charmante va mourir si je ne lui donne pas une épingle dont le chaton renfermera les eaux du golfe Arabique. C’est une fantaisie de jeune femme.

— Arzeb, dit le jongleur, tu m’as fait de riches présents, et je ne serai pas ingrat.

— Quoi s’écria le sage Arzeb, tu pourras me donner cette épingle merveilleuse qui fera vivre la belle Haïva ?

— Sans doute, et rien n’est plus aisé.