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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/247

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tra les deux femmes assises sous un baobab, et ayant appris leurs infortunes, il les amena dans son habitation peu éloignée de ce rivage, où elles reçurent tous les respects et toutes les attentions de la plus religieuse hospitalité.

Bientôt après, le riche marchand qui, dès la première heure, avait été frappé de la beauté d’Arinda, la demanda en mariage à sa mère.

— Ma reconnaissance, dit la jeune fille, me fait un devoir d’épouser mon libérateur, mais à condition que je pourrai remplir un vœu que j’ai fait.

— Et quel est ce vœu ? demanda le marchand.

— Je veux fonder une hôtellerie sur le lieu même où nous avons fait naufrage, et dans cette hôtellerie tous les pauvres seront reçus, logés et nourris gratuitement tant que je vivrai… Je suis prête à donner ma main, et même mon affection, à l’homme qui voudra bien m’aider à remplir ce vœu.

Vous comprenez bien que la belle Arinda ne devait pas voir rompre un mariage pour si peu de chose. Le marchand consentit à tout ; il fonda l’hôtellerie des pauvres, ici, et lui donna pour enseigne la Croix-d’0r. Ce fut la première maison de la petite ville que vous visitez aujourd’hui.

Le prince Zeb-Sing parut très touché de cette histoire, et il paya fort généreusement le narrateur : quand il fut seul dans sa chambre, il se dit à lui-même : Cette histoire de la Croix-d’Or n’est pas fort intéressante, et pourtant elle m’a beaucoup plus ému que tous les récits brillants du diamant Beabib. J’ai beaucoup voyagé pour chercher la sagesse, et je ne la trouve qu’en rentrant chez moi.

Arrivé à Solo, dans la cour de son père, le jeune prince ne