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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/246

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un sage est mort en honorant le gibet de son supplice. Ce gibet, construit en forme de croix, ne fut pas regardé comme une chose infâme depuis cette grande mort ; au contraire, il y eut des rois qui tinrent à grand honneur de porter ce gibet sur leurs couronnes, dans une gerbe de diamants.

Arinda voyageait avec sa mère, sur un vaisseau qui fit naufrage, là, sur ce rivage alors inhabité.

Tout le monde périt ; le vaisseau fut brisé, mais par un véritable prodige le gaillard derrière où se trouvaient Arinda et sa mère, brusquement détaché de la charpente, fut lancé par une vague assez avant dans les terres, sur un terrain mou, et s’y enfonça. Les deux femmes en furent quittes pour une violente secousse, elles échappèrent à la mort.

La jeune fille portait une croix d’or a son cou, et elle dit à sa mère :

Cette croix nous a sauvées, ce qui nous arrive est un vrai miracle. Remercions le ciel.

Et elle baisa la croix avec la dévotion d’un fakir.

Cependant, après avoir échappé au naufrage, ces deux femmes se virent exposées à mourir de faim sur un rivage désert. Heureusement encore elles reconnurent bientôt qu’elles avaient échoué dans le voisinage d’une forêt de boababs, nos arbres à pain, et là, elles se rassasièrent comme dans la meilleure hôtellerie de Tchina-Patnam.

Arinda baisa une seconde fois sa croix d’or, pour la remercier de ce second miracle.

Deux jours après, un riche marchand de Solo, qui chassait avec une nombreuse troupe, dans ces environs, rencon-