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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/260

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peu dans le monde et vous avez raison. Pourquoi aller chez les autres, quand on est comme vous le plus heureux des maris et des pères… Vraiment, j’avais entendu parler de mademoiselle de Saint-Saulieux, comme d’une personne accomplie, mais on est resté au-dessous de la réalité.

— Elle fait aujourd’hui son entrée dans le monde, dit M. de Saint-Saulieux.

— J’en suis très-flatté pour ma maison, dit le ministre.

Et offrant son bras à la mère et à la fille, il les introduisit dans le salon, où le bal avait déjà commencé.

Les jolies femmes et les belles femmes abondaient à ce bal ; il y avait des quadrilles entiers où dansaient des beautés accomplies, et citées comme telles dans le monde ministériel et financier.

Marguerite dansa, comme une jeune fille danse pour la première fois, avec une flamme de bonheur épanouie dans ses yeux et sur son front.

À trois heures du matin, M. de Saint-Saulieux fit un signe conjugal et paternel, et à ce signe toujours compris par les femmes, au bal, la mère et la fille se levèrent, et suivirent M. de Saint-Saulieux au vestiaire.

Au moment où la famille allait sortir, une porte s’ouvrit et le ministre reparut pour donner quelques ordres.

— Ah ! vous partez de fort bonne heure ! dit-il au commandant de Saint-Saulieux ; et vous êtes bien coupable, car vous m’enlevez mademoiselle Marguerite qu’on vient de surnommer la perle de mon bal. Il y a même un de nos poètes qui a écrit dans un album des vers sur votre charmante fille, et