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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/271

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— Ah ! j’aime le luth à la folie… Et ensuite ?

— On brode à l’aiguille.

— Très-bien ! voilà ce que je n’aime pas… Ensuite ?

— On prend des leçons de danse d’une célèbre Aspara.

— Oh ! j’aime la danse je prendrai des leçons… Après ?

— On fait des parfums de fleur de rosier.

— Je ferai des parfums… Est-ce là tout ?

— On se baigne dans un charmant bassin, sous le kiosque du palais.

— Voilà ma passion !

— Je nage comme un leu-tzée ! s’écria l’esclave en battant des mains avec une joie enfantine. Je veux me baigner tout de suite, si c’est possible… Que fait notre maître et notre époux, en ce moment ?

— Il s’occupe des affaires de l’État.

— Qu’est-ce que cela veut dire ?

— Cela veut dire qu’il dort, dans un hamac, bercé par un esclave. Cet exercice dure quatre heures, mais avant de s’y livrer, l’émir fait annoncer partout qu’il va s’occuper des affaires de l’État.

— Alors, rien ne nous empêche d’aller nager dans le bassin du kiosque ?

— Sans doute ; je vais vous y conduire, suivez-moi.

Mahia montra donc le chemin du rivage à l’esclave, et elle resta dans le kiosque, pour assister à un exercice de natation qui promettait d’être fort curieux.

L’esclave entra dans un massif de hauts tulipiers, comme ayant l’intention d’y suspendre les vêtements dont elle devait