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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/311

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remplacèrent l’entretien amicalement formulé. On se comprit des deux parts. Tristesse d’un côté, consolation de l’autre ; Rossini a écrit le même duo entre Arsace et Sémiramis, et que de femmes l’avaient chanté avant lui !

Le soleil, qui est sans pitié pour les douleurs du jour, et qui est toujours obligé de descendre sur l’horizon du couchant, pour laisser aux étoiles le soin d’éclairer les douleurs de la nuit, l’impassible soleil déclinait avec une rapidité sensible, et augmentait les angoisses de Lilia.

La femme sauvage, émue aux larmes, frappa son front comme pour annoncer l’explosion d’une bonne idée, et elle regarda joyeusement la rivière qui coulait devant la hutte du harem. Lilia prit les deux mains de la femme sauvage, tout son visage, contracté par une curiosité fébrile, demanda l’explication d’une pensée, qui déjà ressemblait à une idée de salut.

La femme sauvage mit un doigt sur la bouche de Lilia, et lui montrant une natte déroulée dans l’alcôve royale, eue lui fit signe de s’asseoir et de l’attendre quelques instants. Ensuite elle sortit, un rayon de joie au front. Lilia conçut un faible espoir.

Quand la pauvre sultane reparut, son visage apportait quelque chose de plus que L’espoir. Elle prit Lilia par la main et la conduisit derrière le harem, dans un massif de liquidambars, dont les racines s’étendaient sur la petite rivière, et retenaient quelques pirogues par des amarres de bambous.

Dans une de ces pirogues, il y avait un vieux nègre qui paraissait attendre pour obéir religieusement à un ordre sou-