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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/315

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sion de sauver son beau-père de la dent des cannibales, s’il vivait encore.

À force de vouloir sauver son beau-père à tout prix, elle trouva un autre moyen qui ne brisait pas ses liens sacrés de veuve ; elle descendit à la chambre du capitaine et lui dit :

— Capitaine, combien avez-vous d’hommes d’équipage à votre bord ?

— Soixante, madame.

— Espérez-vous harponner beaucoup de baleines, dans votre campagne ?

— Je crois que, cette année, la pêche ne sera pas heureuse à cause de la concurrence. Je serais content si je ramenais trente tonneaux d’huile.

— Voulez-vous que je vous propose une campagne qui vous rapportera davantage ?

— Proposez, madame.

— Je vous donne cet écrin de diamants, estimés par des usuriers six mille piastres cordonnées, si vous venez délivrer mon beau-père, qui est prisonnier chez les Peaux-Rouges.

Le capitaine regarda l’écrin, et lui sourit amoureusement.

— Savez-vous précisément, demanda-t-il, l’endroit où il faut débarquer ?

— Je vais vous le montrer sur la carte, — dit Lilia, et son joli doigt se posa tout de suite sur le point géographique.

— Ma foi c’est tout près d’ici, dit le capitaine, et si monsieur votre beau-père n’a pas été mangé, je réponds de lui sur ma tête.

— Allons toujours, dit Lilia ; j’aurai fait mon devoir.