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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/314

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vœu. J’ai juré de ne me remarier que dans sept ans et sept quarantaines, après la mort de mon mari. J’ai quatre ans de veuvage à subir encore, et, ce délai expiré, j’obéis aux ordres de la Providence qui veut que je contribue au bonheur des Havanais, en m’asseyant à votre droite dans le palais du gouvernement.

» Si ces propositions sont à votre convenance, veuillez bien m’en instruire, j’attends votre réponse à bord de l’Étoile polaire, en rade pour deux jours.

» Lilia.

» P. S. J’avais oublié de dire à Votre Excellence que je mets une condition à notre mariage. Mon beau-père, le seigneur d’Elbonza, est en captivité dans la tribu du Liquidambar, chez les Peaux-Rouges, vers les atterrages d’Yucatan ; j’espère que vous enverrez un vaisseau et quelques soldats pour délivrer un noble Espagnol qui n’a pas mérité son sort. Ma main est à ce prix. »

Quelques heures après, Lilia reçut pour toute réponse le billet suivant :

« Madame,

» Depuis votre départ, je me suis marié. Il vous est permis de rentrer dans l’île.

« H. S., gouverneur de la Havane. »

Ce billet donna, en même temps, une grande joie et une violente douleur à l’âme de la jeune et trop fidèle veuve. Elle avait accompli, et elle voyait aussi s’échapper la seule occa-