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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/324

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que diem, et alors, vous respiriez l’air libre de l’école buissonnière sur cette grande route troyenne ou Énée conduisait son père et son fils :

Sans prendre garde à sa femme,
Qui se perdit en chemin.

Vous qui savez Virgile par cœur, vous n’auriez pas, sans doute, choisi Besika comme parage de station ; vous vous seriez méfié de Besika, car vous avez une confiance aveugle dans ce divin poëte qui a tout prédit, même votre station de Besika. Statio malefida carinis. ! nous criait-il ; on ne l’a pas écouté, et deux vaisseaux ont fait avaries, et Virgile pourrait bien avoir trente fois raison de plus, si la station se prolongeait dans la saison où le vent d’Afrique, fécond en tempêtes, creberque procellis Africus, fait échouer un vaisseau sur les écueils et l’entoure d’un amas de sable,

Illiditque vadis atque aggere cingit arenæ.


Vous vous êtes donc résigné, comme subalterne, en regrettant que les amiraux anglais n’étudient pas les prédictions de Virgile à l’université d’Oxford. Pline, amiral de l’empereur Titus, en 79, disait à son neveu : « J’aime mieux faire stationner mes flottes au cap Misène que devant Ténédos, à cause du vers de Virgile, écrit sur ces attérages : Statio malefida carinis. »

À part ce désagrément, jamais vous n’avez eu une plus belle occasion de satisfaire vos nobles fantaisies de chercheur ; la question d’Orient a été inventée par la Bourse et pour vous. Que de trouvailles vous allez nous rapporter de