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Page:Méry - Les Nuits d'Orient, contes nocturnes, 1854.djvu/330

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sika, vous réfléchirez sur mon opinion émise, et vous la jugerez en conscience, c’est convenu. Il me reste à provoquer d’autres renseignements sur la question orientale de ces temps fabuleux, et moins fabuleux que les nôtres, je crois.

Franchement, croyez-vous qu’on puisse cacher mille vaisseaux dans le port de Ténédos, tantùm sinus, dit Virgile ? mille vaisseaux si bien cachés, que les Troyens se sont imaginés qu’ils étaient partis pour Mycènes ?

Nos abiisse rati et vento petiisse Mycenas.

Si effectivement ces mille vaisseaux ont pu se dérober à l’exploration des barques troyennes, ils méritent le nom de tartanes que je leur ai donné, et l’armée grecque me paraît réduite à de bien minimes proportions : trois régiments au plus. Ils se sont battus dix ans comme on ne se bat plus ; ils se sont entretués avec une ardeur héroïque dans mille batailles ; et, à la fin de la dixième année, les cadres nous paraissent remplis comme le premier jour. S’il y a eu des promotions, ceux qui restent devraient tous être généraux de brigade au moins. Tâchez de vous informer un peu de cela, dans vos nombreux loisirs.

Avez-vous remarqué des bois de sapins dans le voisinage de Besika ? Les Grecs ont construit un cheval grand comme une montagne, instar montis, avec du bois de sapin. Les commentateurs ont affirmé que le cheval était en bois de pin. Mais Virgile, qui adorait cet arbre et qui n’a jamais perdu une occasion de le planter admirablement sur un spondée, ne se serait pas servi du sapin dans cette grande circonstance. Je tiens à éclaircir ce point, à cause des commentateurs : le plus