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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/102

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[vers 1144]
LE LIVRE

Qui conforter
Porra voſtre dous cuer vray,
Sachiés que je le feray
Et ſans tarder.

Si ne devez eſperer
Que nul mal doiez porter,
Tant com ſeray
En preſent, quar bien ſaray
Vos maulz ſaner.
Et pour vous confort donner
Mire en ſeray.
Ne vous eſtuet guermenter
Tres-dous amis, &c.

Mais quant Amours .i. amant point,
Il n’eſt pas toujours en .i. point ;
Ains a des penſées diverſes
Et des douces & des parverſes.
Si pris une merencolie
Contre moi, dont ce fu folie ;
Car de ma dame à la hauteſce
Penſoie, & à ma petiteſce.
Et en mon cuer imaginoie
Que riens encontre li n’eſtoie,
Et que c’eſtoit grant cornardie
De penſer qu’elle fuſt ma mie ;
Et qu’elle en véoit tous les jours,
À lieu où eſtoit ſes ſejours,
De milleurs une quarantainne,
Voire, par Dieu, une centaine ;
Et que l’ueil moult ſouvent contraint
Un cuer, & maiſtrie & deſtraint,
Par plaiſance qui le doctrine ;
Si qu’il aime d’amour tres-fine.