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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/132

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[vers 1728]
LE LIVRE

Voſtre douceur l’a ſormonté,
Qui m’a de joie repéu,
Et ſa puiſſance ha deſcréu,
Et ſon orgueil ſuppedité.
Pour ç’avez mon cuer ſans retraire.
Qu’Amours, qui tout vaint & tout maire,
Le vous ha franchement donné ;
Se li voſtre le prent en gré
Onques ne vi ſi douce paire.
Douce plaiſant & debonnaire,
Onques ne vi vo dous viaire.

LA DAME.
CHANSON BALADÉE.

Dès que premiers oÿ retraire
De vous, dous amis débonnaire,
La valeur & la grant bonté,
Mon cuer fu ſi en vous enté
Qu’onques puis ne l’en pos retraire.

Jàſoit ce qu’onques congnéu
Ne vous éuſſe ne véu,
Vous fiſt Amours mon cuer donner ;
Et ſi, n’éuſſe pas créu
Que tout mon temps euſſe péu,
Sans voir, nul homme tant amer.
Mais bonne Amour le me fiſt faire,
Et le renon de voſtre affaire,
Qui a mon cuer entalenté
Si fort, que j’ay en volenté
De vous amer ſans riens meffaire.
Dès que premiers oÿ retraire, &c.

Mais pluſeurs fois ymaginay
En mon cuer, & determinay
Que je penroie un homme eſtrange,