Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[vers 2056]
89
DU VOIR-DIT.

« Quant elle oit un bon advocas
« Qui bien ſcet propoſer ſon cas,
« Et qui ſoutilment li parole,
« Et bien ſcet polir ſa parole ;
« Et qui par droit li vuet prouver
« Qu’il doit en li merci trouver ?
« Certes nennil, ains li anuie
« Plus toſt que ne fait longue pluie,
« Car quant une dame de pris,
« Qui a d’amer le cuer eſpris,
« Voit telles gens, petit les priſe,
« Et tout leur affaire deſpriſe.
« Mais onques ſi bien ne dittas,[1]
« Com à briés mos tes maus dit as.
« Car malades fait mauvaiſe euvre,
« Qui à ſon mire ſes maus cuevre ;
« Et tu li as ton mal ouvert
« À un ſeul mot, & deſcouvert.
« Si, ne te dois pas eſmaier
« Qu’elle te doie delaier,
« Et que brieſment ne te conforte.
« Or foies lies ; & te deporte.

« J’ay grant deſpit de celle garce :[2]
« Pléuſt or à Dieu que fuſt arſe !
« Elle eſt chetive, nice & fole :
« Et vraiement elle m’afole,
« Qui les amans ainſi reprueve
« De tout ce qu’Amours leur apprueve.

  1. N’écrivis, ne dictas lettres.
  2. De Honte, qui avoit parlé la première.