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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/155

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DU VOIR-DIT.

« Tout maintenant, ſe je ſavoie.
« Vous ne me devez riens celer,
« Et je vous doy tout reveler.
« Et quant je vous voy à malaiſe,
« Amis, je ne porroie eſtre aiſe ;
« Car voſtre doleur eſt la moie.
« Certes tous li cuers me larmoie,
« Quant je vous voy ſi fort complaindre.
« Amis, ne vous vueilliez plus plaindre,
« Et me dites vo maladie ;
« Et ſe je puis elle iert garie.
« Vous m’appellés voſtre maiſtreſſe,
« Et vo ſouveraine déeſſe,
« Et rien ne me volés rouver !
« Vueilliez ſavoir, par eſprouver,
« L’amour qui en mon cuer demeure,
« Et vous verrés & ſans demeure
« Que deſſus toute créature
« Vous aim d’amour léal & pure. »

Quant je l’oÿ ſi plainement
Parler & ſi ouvertement,
Sa douceur fiſt mon cuer ſi tendre
Que ne me pos onques deffendre
Qu’il ne me failliſt larmoier,
Et l’iave du cuer avoier[1]
À l’ueil, dont je la regardoie
Piteuſement ; mais toutevoie,
Je fui ainſi une grant piece ;
Si reſpondi, au chief de piece,[2]

  1. Envoyer.
  2. Synonyme de notre : au bout du compte.