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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/157

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DU VOIR-DIT.

« Que toute joie ne feroie
« D’amour, ſe je la demandoie.

« Et vous eſtes ſubtil & ſaige,
« Si véés bien, à mon viſage,
« Mon fait, mon eſtat, & ma guiſe,
« Et qu’en moy n’a point de faintiſe.
« Si n’eſt meſtier que je vous die
« Mon meſchief ne ma maladie,
« Car moult bien par cuer le ſavez,
« Et auſſi par eſcript l’avez.
« Et ſe vous m’amez tenrement
« Si com vous dites vraiement,
« Vos fais aus dis ſeront ounis,
« Ou autrement je ſui honnis,
« Ne ne lairés pas de legier
« Que ne me doiés allegier.
« Et ſe je vous merci rouvoie,[1]
« Il puet eſtre que j’y faudroie ;
« Et certes je ſeroie mors.
« S’aim mieus endurer les remors
« Dont couvertement tous m’eſſil,[2]
« Que moy mettre en ſi grant eſſil.
« Si me vaut mieus ainſi atendre,
« Que rompre mon arſon au tendre.[3]
« Vous me dites que vous m’amez,
« Et vo dous ami me clamez,
« C’eſt le mieus qui de vous me veingne,
« Et c’eſt la guiſe d’Alemaingne,

  1. Si je vous demandois le don d’amoureuſe merci.
  2. Je me ronge en ſecret.
  3. Que rompre l’arc en le tendant.