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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/158

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[vers 2491]
LE LIVRE

« Qu’on gariſt la gent par paroles.[1][App. XXVII.]
« On l’aprent par tout aus eſcoles.
« Et je reçoy en pacience
« Quanqu’il vient de vo conſcience.
« Il a en vo riche treſor
« .C. mille biens, & plus encor,
« Qui ne porroient eſtre mendre
« Pour choſe qu’on en ſcéuſt prendre.
« Ne tant donner en ſcéuſſiés
« Qu’adès plus riche ne fuiſſiés.
« C’eſt la plante de tout le monde,
« C’eſt la manne & la mer profonde
« Où l’on ne treuve fons ne rive :
« Cils eſt bien fols qui en eſtrive ;
« Qui plus en prent plus en y vient.
« Ainſi de vo treſor avient,
« Qu’il accroiſt touſdis en richeſſe,
« Quant on en fait plus grant largeſſe.
« Et ſe vous en eſtes avere,
« Tres-belle, foy que doy Saint Pere,
« Bien vous en porrez repentir ;
« Car je vous di & ſans mentir,
« Toutes choſes ont leur ſaiſon.
« Je n’i met nulle autre raiſon,
« Car vous n’eſtes pas au raprendre ;
« Si que bien me poez entendre,
« Mais une choſe trop m’argue,
« Qu’entre gent, partout, & en rue,
« Quant vous dites : « venés à mi, »
« Vous m’appeliez vo dous ami,

  1. Par la vertu de certaines paroles.