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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/160

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[vers 2551]
LE LIVRE

« Que volez-vous que je vous die ?
« Jà couars n’ara belle amie.
« Ne ce n’eſt pas par mon deffaut,
« Amis, qu’en vous joie deffaut.
« Que volez-vous que je vous face ?
« Je vous regarde face à face,
« Je vous chante, je vous ſoulace,[1]
« Ami vous claim en toute place :
« Je vous aim ſur tout, c’eſt la ſomme ;
« N’en monde n’a ſi vaillant homme
« Que je volſiſſe avoir changié,
« Amis, pour vous donner congié.
« De mon treſor que tant priſiés,
« Qui ne porroit eſtre priſiés,[2]
« Amis, je le vous abandoing,
« Prenés-le, tout je le vous doing. »

Et je li reſpondi tantoſt :
« Qui tout me donne, tout me r’oſt. »[3]

LA DAME.

« Et de ce qu’amy vous appelle
« Devant la gent, ceſt à cautelle ;[4]
« Que je puiſſe à vous mieus parler,

  1. Je chante vos vers, je vous conſole.
  2. « Quant à mon tréſor, c’eſt-à-dire mon honneur, que vous dites être ſans prix, je vous en fais l’abandon. » Il faut avouer que la jeune fille ne pouvoit mieux dire ni faire, pour encourager ſon amoureux tranſi.
  3. Tout me reprend.
  4. Par précaution.