Et ſi, li ay par li tramis
Ce Rondel qu’en la lettre a mis :[1]
Toute-belle, vous m’avez viſeté
Tres-doucement, dont .c. fois vous mercy ;
De tres-bon cuer & par vraie amité,
Toute-belle vous m’avez viſeté.
Et avec ce éu avez pité,
Pour conforter mon cuer taint & nercy.
Toute-belle, vous m’avez viſeté
Tres-doucement, dont .c. fois vous mercy.
XI. — Mon tres-dous cuer,[2] je vous prie pour Dieu que vous me vueilliez tenir pour excuſé, ſe je n’ay envoié vers vous, puis que vous partiſtes de moy ; car Dieus ſcet que ce n’eſt pas par deſfaut d’amour ne de bonne volenté ; mais, par m’ame, je ne l’ay peu amender, pour certaine choſe que mi & mon ſecretaire vous dirons ; &, eſpeciaument, il ne me ſemble mie bon que j’envoie ſi ſouvent par devers vous, pour les paroles,[3] & pour ce qu’on ne ſe puet trop garder. Quanque j’en di & fais, je ne le fais que pour le milleur & pour honneur ; comment que je vous deſire plus à véoir que toutes les créatures du monde. Et, mon tres-dous cuer, vous ne devez mie penſer que ce que j’en fais, le faice pour vous eſlongnier ; car des meſchiés & de toutes les peines qui en l’amoureuſe vie ſont, ſans eſtre eſcondis,[4] c’eſt li plus grans que demourer loing de ce qu’on aime. Et quant on ne puet veoir, oÿr ne ſentir ce que on