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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/168

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[vers 2719]
LE LIVRE

RONDEL.

Tres-dous amis, j’ay bonne volenté
De vous donner joie & pais, & mercy,
Et d’acroiſtre vo bien & vo ſanté,
Tres-dous amis, j’ay bonne volenté.
Car dedens vous ay mon fin cuer enté.
Pour ce que voy qu’il me vuet amer cy.
Tres-dous amis, j’ay bonne volenté
De vous donner joie & pais, & mercy.

Quant mes ſecretaires revînt,
Salus m’aporta plus de vint,
Voire, par Dieu, plus de cent mille :
Et je ſavoie moult bien qu’il le
Me diſoit veritablement,
Que faire n’oſaſt autrement.
Et m’aporta ce rondelet
Qu’elle avoit fait tout nouvelet,
Et l’avoit en ſa lettre enclos.
Je le vi bien, quant la deſclos.


XII. — Mon cuer, & mon tres-dous ami, je vous pri tant doucement que je puis, qu’il ne vous vueille deſplaire ſe je ne vous ay eſcript ; car en verité je n’ay pas eſpace de vous eſcrire ſi ſouvent comme je vorroie. Et de ce que vous m’avez eſcript qu’il ne me vueille deſplaire ſe je n’ay eu nouvelles de vous, ſachiés que je ne cuide pas que vous péuſſiés faire choſe qui me péuſt deſplaire ; car je ſay, & croy certeinnement que tout quanque vous faites, vous le faites en bonne amour & en bonne foy. Mon dous cuer, j’ay bien véu que voſtre nueſvaine ne ſera ce prochain dimenche aſſevie : &, cellui jour, il convient partir, ma ſuer & moy,[App. XXXII.] pour aler à .iiii. lieues long ; & ſuis certeinne qu’il ſera avant le lundi au ſoir ou le mardi au matin que nous re-