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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/173

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DU VOIR-DIT.

Et elle tantoſt me reſcript,
En la maniere & en la fourme
Que ceſte lettre m’en enfourme.
Et ce rondelet m’envoia
Que dedens ſa lettre ploia,
Et reſpont à celui deſſeure
Qu’en preſent fis, & en po d’eure.

RONDEL.

Voſtre langueur ſera par moy ſanée,
Tres-dous amis, que j’aim ſans repentir,
Se moy laiſſiez & Amours convenir ;
Je le vous jur, comme amie & amée,
Voſtre langueur ſera par moy ſanée.
Si me devez tenir pour excuſée,
Car il me faut malgré mien obéyr ;
Mais je tenray convent au revenir.[1]
Voſtre langueur ſera par moy ſanée,
Tres-dous amis, que j’aim ſans repentir,
Se moy laiſſiés & Amours convenir.

XIV. — Mon dous cuer & mon dons ami, j’ay receu vos lettres, enqueles vous me faites ſavoir voſtre bon eſtat, dont j’ay moult grant joie plus que de choſe qui me puiſt avenir : & ſe vous ſaviez bien la bonne volenté que j’ay de faire choſe qui vous plaiſe, vous ne m’eſcririés que je méiſſe peine à le faire ; que, par ma foy, j’ay ſi grant penſée & ſi bonne volenté que je ne cuide mie que nulle créature le puiſt avoir plus grant. Et ſoiès certains que à mon retour je y mettray & cuer & corps & une partie de mon honneur, (laquele je m’aten que vous garderés bien), à faire de quanque je ſaray qui vous porra donner joie & con[ort. Et ſe vous dites que vous reſſongnez le parte-

  1. Convent, choſe convenue, engagement.