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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/183

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DU VOIR-DIT.

Et je faiſoie mon devoir,
Quant Largeſſe les preſentoit,
Et Bonne-amour s’i aſſentoit.
Et ma douce dame jolie
Eſtoit du donner toute lie ;
Car tout eſtoit à ſa loenge :
N’en ce monde n’a ſi eſtrange,
S’il la véiſt, qui n’en héuſt,
Et qu’elle ne l’en repéuſt.
Et quant je de fin cuer l’amoie,
Sur tout ce je me delitoie.
Nuls homs n’en doit avoir merveille,
Car ſeconde n’a ne pareille,
Ne quanqu’on puet de bon nommer,
Dire, ymaginer ne ſommer.
Mais il n’eſt choſe qui ne fine,
Ne qui ne viengne à ſon termine :
Il me convint de li partir,
Lors fui-je certes droit martir.
Là commenſai-je à larmoier,
Et ma léeſce à deſvoier,
La triſteſce en mon cuer trouvay.
Là certeinnement eſprouvay
Qu’il n’eſt ſi dure departie
Comme c’eſt d’ami & d’amie.
Là pris de la belle congié
Einſi com j’éuſſe ſongié.
Car, certes, pas bien ne ſavoie
Que je faiſoie ne diſoie.
Elle diſt : « À Dieu, dous amis !
« Je tenray ce que j’ay promis ;
« Car bonne & léal vous ſeray,
« Et de fin cuer vous ameray.