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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/211

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DU VOIR-DIT.

« Ma pais, ma joie & mon deſir.
« Et ſi dois ma ſanté quérir,
« Et moy bonnement enhardir ;
« Voire en ce cas.
« Mais ſe tu me vues deguerpir,
« Et à ce grant beſoing faillir,
« À Dieu tout ! je vueil ci morir,
« Sans nul reſpas. »

Quant j’os ma prière finée,
Venus ne s’eſt pas oubliée,
N’elle auſſi pas ne s’oublia ;
Car moult bien ſouvenu li a
De mon fait & de la requeſte.
Si fu toſt la déeſſe preſte,
Car tout en l’eure eſt deſcendue,
Couverte d’une oſcure nue,
Pleine de manne & de fin baume
Qui la chambre encenſe & embaume.
Et là fiſt miracles ouvertes,
Si clerement & ſi appertes
Que de joie fui raemplis,
Et mes deſirs fu acomplis :
Si bien que plus ne demandoie
Ne riens plus je ne deſiroie.
Et quant cils miracles fu fais,
Je li di : « Déeſſe tu fais
« Miracles ſi appertement
« Qu’on le puet véoir clairement.
« Dont je te ren grâce & loange
« Sans flaterie & ſans loſange. »

Toutevoie tant vous en di :