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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/210

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[vers 3721]
LE LIVRE

« La biauté, la douce ſemblance
« Qui mon cuer ha navré ſans lance,
« Et l’a ravi ;
« Et pooir n’ay que je m’avance
« De li touchier, car j’ay doubtance
« De ſon courrous ; ce point & lance
« Le cuer de mi.

« Tu ies ma dame & ma déeſſe,
« Tu ies celle qui mon cuer bleſſe,
« Et le garis par ta nobleſſe
« Si doucement,
« Qu’il n’i ha doulour ne deſtreſſe
« Fors déduit, plaiſance & léeſſe.
« De ce es ſouvraine maiſtreſſe
« Certainement.
« Tu joins .ii. cuers ſi proprement
« Qu’il n’ont qu’un ſeul entendement,
« Un bien, un mal, un ſentement,
« Une triſteſce :
« Or me donne dont hardement,
« Qu’à ce tres-dous viaire gent
« Preingne pais au departement ;
« S’aray richeſſe.

« Et en cas que ne le feras,
« Tu m’as fait, ſi me defferas,
« Et à la mort me metteras ;
« C’eſt, ſans mentir,
« Mes cuers eſt deſconfis & mas,
« Et tu ſcés moult bien que tu m’as ;
« Si dois eſtre mes advocas,
« Et ſoubſtenir