Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
[vers 3987]
LE LIVRE

« Et vous m’avez grieſment meffait.
« S’en corrigeray le meffait. »
Après, auſſi com par courrous,
Me diſt tu, & laiſſa le vous.
« Ne t’ay-je pas reconforté,
« Et joie de loing apporté ;
« Et donné déduis & léeſce
« Et fait joie de ta triſteſce ?
« Et ay eſté tes champions
« En toutes tribulations :
« Quant Honte te vint aſſaillir,
« Tes cuers eſtoit au defaillir ;
« Ne ploiay-je pour toy mon gage ?
« N’onques n’i ot nul autre oſtage
« Fors moy, qui en fis la bataille
« À mon eſpée qui bien taille,
« Et la rendi plus deſconfite[1]
« Que ce qu’elle fuſt enſoubite.
« Toutes fois que Deſirs t’aſſaut,
« Je me met ou premier aſſaut,
« Ne pas ne ſuis la derreniere,
« Ains porte par tout la baniere.
« Ne Deſirs n’a tant de puiſſance
« Qu’il te puiſſe faire grevance.
« À tous beſoins me treuves preſte,
« Sans appeller & ſans requeſte ;
« Dont je di que la bonté double.
« Et tu ne me priſes un double,[2]
« Ne tu n’as encor de moy dit
« Rien d’eſpecial en ton dit,

  1. La rendi, rendis la honte… — enſoubite, ſubjuguée.
  2. Petite pièce de monnoie, comme un double tournois.