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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/230

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[vers 4218]
LE LIVRE

Tres-noble deſtinée
Ha cils qui ſi puet aſſener,
Sans deſſevrer :
Qu’elle n’a per,
Ains eſt nomper ;
Et, ſans doubter,
On ne puet milleur regarder,
Ne ſi tres-belle née.

Dont doi-je bien s’onneur garder
Et, ſans ceſſer,
Ymaginer
À li porter
Foy, ſans fauſſer,
Et là tout mon ſens appliquer,
Sans villaine penſée.
Mais mieus vorroie eſtre oultre mer
Sans retourner,
Qu’entr’oublier
Son dous vis cler,
Ne que penſer
Choſe qui peuſt empirer
Sa bonne renommée.

VII

Certes, j’ay ſi grant deport,
Quant je voy ſon noble port,
Et quant, ſans villain rapport,
J’oy que chaſcuns ſon effort
Fait de li priſier tres-fort,
Deſſus toute créature ;
Que je n’ay penſée oſcure,
Triſteſce, mal, ne pointure,
Ne choſe qui me ſoit dure ;
Ains ay une envoiſéure
Si tres-douce, & ſi tres-pure
Qu’elle vault merci au fort.