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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/242

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[vers 4494]
LE LIVRE

Et que ſes penſées joieuſes
Eſtoient toutes converties
En droites grienges, o uerties,[1]
Et que c’eſtoit tout par ma coulpe
Qui vers li me grieve & encoulpe,
Seulement pour mon eſcripture
Qui pour ſa pais eſtoit trop dure ;
Moult durement me repenti,
Quant pour ce qu’avoie ſenti
D’ardant deſir l’amoureus point,
Li avoie eſcript en tel point.
Qu’auſſi bien le ſentoit la belle
Au cuer, par deſſus la mamelle,
Que moult de meſchief li faiſoit,
Mais toutevoie s’en taiſoit ;
Elle ſouffroit en pacience
Pour ce qu’elle avoit eſperence
Qu’onques ne fu qu’encor ne ſoit.[2]
Car cils qui tel dolour reçoit
Ne ſe doit pas deſeſperer
Pour Deſir, ains doit eſperer
Que, comment que joie demeure,
Encores venra la bonne heure
Que de la tres-douce rouſée
De Mercy ſera arrouſée.
Là pluiſeurs fois ſa lettre lui,
Tous ſeuls qu’il n’i avoit nelui,
Fors moy ſans plus & ſon ymage,
À cui j’amenday mon outraige,
Mon meffait, & ma grant folie,

  1. Converties ou tournées en vrais chagrins.
  2. Qu’il n’eſtoit rien arrivé qui n’arrivât encore.