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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/254

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[vers 4689]
LE LIVRE

Et pour ſa grant biauté l’apelle
Chaſcuns qui la voit : Toute-belle.

Mais trop fort me deſconfortaſſe
Se ce ne fuſt : & trop doubtaſſe
Deſir, & ceſte autre merdaille
Qui ne font que noiſe & bataille,
Et qui ſe vuelent reveler,
Quant ne ſe puelent plus celer.
Ceuls dou pays la me tramirent ;
Or vous diray ceuls qui la firent :
Ce furent Franchiſe, Pité,
Fine douceur, Vraie amiſté,
Loyauté, Raiſon & Meſure,
Qui toutes y mirent leur cure ;
Tres-dous Eſpoirs le m’aporta,
Qui doucement me conforta,
Et encor touſdis me conforte,
Et de mon cuer garde la porte.
Si que jamais n’i enterront
N’à la cité mal ne feront :
Et ſe Deſirs y vuelt venir,
Doucement le faut maintenir,
Et qu’il n’aporte fu ne flame
Qui la cité brule & enflame ;
Ne jamais n’i ara penſée
Qui contre moy ſoit ordenée.
Et ſe je ſuis trop longuement
Loing de la belle vraiement,
J’eſpoir qu’à joie la verray
Nompas ſi toſt com je vorray,
Et à ſon ymage touſdis
Trairay, comme à mon paradis.