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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/268

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[vers 4949]
LE LIVRE

Par devers ma dame de pris ;
Si que ſe je fui à meſchief,
Quant je li vi tourner ſon chief,
Et ſi vi qu’elle eſtoit parée
De vert, ſans couleur aſurée,
Nuls homs ne le me doit enquerre ;
Qu’en l’air n’en la mer n’en la terre,
N’ot onques-mais homs, en ſongant,
Tel mal comme j’os, pour ſon gent
Et tres-dous vis qui me véoit[1]
Que mon ueil plus ne le véoit.
Si me parti de ſa préſence,
Plains de dolour & de peſence,
Et, ſans véoir ſa douce face :
Si m’embati en une place [App. LIV.]
Où il ot dames, chevaliers,
Damoiſelles & eſcuiers,
Un en y ot appert & cointe
Qui fiſt ſur une coutepointe
De ſoie, bonne & belle & riche ;
Bien croy qu’elle fu faite à liche :[2][App. LV.]
Et plus haut des autres ſéoit.
Mais trop bien ſur ſon chef ſéoit
Un chapellet de violettes,
Fait & donné par amourettes.
Si ſaluay la compagnie
Qui ſi bien eſtoit enſeingnie
Qu’aveuc euls me firent ſéoir,
Pour leur esbatement véoir.

  1. À cauſe de ſon gentil & dous viſage qui défendoit à mes yeux de le voir.
  2. À liſſe, de haute liſſe.