Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
228
[vers 5344]
LE LIVRE

« Se tels mutations véoies,
« Certes moult t’en mervilleroies,
« Quant de joie ainſi te deſrobe
« La mutation d’une robe,
« Il puet eſtre qu’as deſſervi,
« (En ce que ta dame as ſervi,)
« La rage que tu li mès ſeure ;
« Ou merancolie demeure
« En ton cuer, qui te fait penſer
« Vers elle ſi villain penſer ;
« Ou que tu la ſers fauſſement ;
« Ou que ta bouche fauſſe ment.
« Si qu’amis, en vain te traveilles,
« Qui de ce à moy te conſeilles.
« Puet-eſtre qu’elle n’a loiſir
« D’eſcrire à toy à ſon plaiſir,
« Pour ce qu’elle eſt trop près tenue,
« Or maintiens-tu qu’elle te tue ?

« On voit & ſcet tout en appert,
« Que moult furent ſage & appert
« Cil qui les ſciences trouverent,
« Et aus peuples les lois donnerent.
« Lamech li mauvais fu bigames,[1]
« Et ſi ot tout premier .ii. femmes,
« Dont l’une avoit à non Ada,
« Et l’autre avoit à non Stella.
« Il engendra d’Ada Jabel,

  1. Bigame. Ceſt-à-dire : deux fois marié. Le mot bigame n’avoit alors que cette acception. Les clercs, dont l’Égliſe étoit cenſée l’épouſe, étoient bigames s’ils ſe marioient en réalité. — Cette tirade eſl priſe de Joſèphe. De Antiquitatib. Jud., lib. I, c. v.