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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/347

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DU VOIR-DIT.

« Que ſon oeil ne puet-il r’avoir.
« Ulixés menace forment,
« Qui embla ſon oeil en dormant ;
« Et auſſi font ſi compaignon[1]
« Qui eſtoient mauvais gaignon ;
« Mais jamais ne le reverront,
« Menacent tant com il vourront.
« Achimenides qui le vit [App. LXXV.]
« Diſoit comment il ſe chevit,
« Quant de ſon oeil fu defferez ;
« Jamais diable ne verrez
« Si forſené, ſi enragié,
« De ſon oeil qu’on a arragié.
« Ne portoit perches ne baſtons,
« Ainſois s’en aloit à taſtons,
« Querant les voies & les ſentes,
« À ſes ordes mains & ſanglantes.
« Souvent aux roches ſe hurtoit,
« Dont li ſans de lui degoutoit.
« Lors maudiſſoit dieus & déeſſes,
« Autez, mouſtiers, preſtres, preſtreſſes,
« Et menaſſoit tous ceus de Greſſe.
« Mais jamais ne lui feront preſſe ;
« Car jamais ne l’aprocheront
« Ne plus près de lui ne ſeront.
« Achimenides le ſivoit ;
« S’il ſe dreſſoit, il s’enfuioit,
« Car ſe près de lui demoraſt,
« Li maufez toſt le devoraſt.
« Ulixés fu de grant courage
« Qui oſa baſtir tel ouvrage.

  1. Les compagnons de Polyphème.