Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
294
[vers 7200]
LE LIVRE

« Encor raconte Galatée
« Qui dou jaiant fu tant amée,
« Ainſois que il fuſt deſſinglez
« De ſon ſeul oeil & avuglez.
« Souventes fois eſtoit aſſis
« Sur un perron gros & maſſis,
« Et quant deduire ſe vouloit
« De ſa flahute flajoloit,
« Et de ſes .c. roſiaus enſemble,
« Si que tous li païs en tremble.
« Ce ſembloit à ceus qui l’ooient
« Que plus que foudre le doubtoient :
« Si qui li maufez chante & note
« En ſon flaiol ne ſay quel note,
« Mais il fiſt le chant & le dit
« Si com Galatée le dit.[1]

« Oÿ avez juſqu’à la fin
« Comment li jaians, de cuer fin,
« Ama la belle Galatée,
« Et ſa manière forſenée,
« Sa traïſon, ſa cruauté,
« Et ſa tres-grant deſloiauté.
« Et comment cils eſt mal venuz
« Qui eſt de ſes gros poins tenuz :
« Mais je vous promet & vous jur
« Qu’il ne vous menroit pas ſi dur,
« S’il vous tenoit entre ſes mains,

  1. Ici Guillaume de Machaut avoit traduit aſſez exactement la longue chanſon de Polyphème que, dans Ovide, Galatée vient répéter à Glaucus. (Metam., lib. XIII, v. 790–870.) Si la place ne nous fait pas défaut, nous la donnerons dans l’Appendice.