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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/349

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DU VOIR-DIT.

« Com li pilleur, dont il eſt mains
« En ce païs, & d’anemis
« Que dyable nous ont tramis.
« Auſſi li frois, li vens qui vente,
« Qui plus eſrache qu’il ne plante,
« Car il fait les arbres tumer,
« Et plungier les coques de mer,[1]
« Vous aroit mort en moult po d’eure.
« Et pour ce, conſeil la demeure ;[2]
« Si que, ſire, vous demorrez :
« Et, tout le mieus que vous porrez,
« Unes lettres li eſcrirez,
« Et en vos lettres li direz
« Voſtre eſſoinne & voſtre eſcuſance ;
« Et elle eſt telle ſans doubtance
« Que jà ne vous en blaſmera,
« Ne mains ne vous en aimera.
« Et auſſy je li eſcripray,
« Et en ma lettre li diray
« La cauſe de voſtre demeure.
« Or eſcriſons à la bonne heure,
« Et ſi, tenez vo cuer en joie,
« Car c’eſt le meilleur que j’y voie. »

Quant il ot finé ſa parole,
Que je tins pour nice & pour fole,
Je dis : « Amis, par ſaint Symon,
« Vous m’avez fait un long ſermon,
« Afin que ma dame ne voie ;

  1. Les bâtiments, les navires.
  2. Je conſeille de demeurer.