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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/362

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[vers 7608]
LE LIVRE

Que nos amours fuſſent chantées
Par les rues, & flajolées ;
Et que chaſcuns appercéuſt
Qu’elle m’amoit & le ſcéuſt.
Et c’eſtoit choſe aſſez commune
Et à chaſcun & à chaſcune.
Si vous diray ce que je fis,
Bien croy que ce fu mes profis.

Ce fu droit en mois de novembre,
Qu’on fait feu en ſale & en chambre,
Si demouray en ma maiſon,
Juſqu’à la nouvelle ſaiſon ;
Qu’onques vers elle n’envoiay,
Ne lettre eſcripte ne ploiay,
Pour li envoier ne tramettre ;
Qu’ailleurs voloie mon temps mettre.
Là demouray mainte journée,
Qu’ainſois qu’elle fut adjournée,
Eſtoie ſaous de plourer.
Si ne vos depuis aourer
La belle image, ainſois l’oſtay
De mon chevés & la boutay
Et mis en un petit coffret,
Qui dedens un plus grant coffre eſt.
Là eſt encore & y ſera,
N’a piece-mais n’en partira ;[1]
Ains la tenray en ma priſon
Fermée, pour la meſpriſon
Que ma dame a fait envers my,

  1. On voit ici qu’il écrivoit jour par jour ; car il ne tardera guère à décoffrer ſa chère image.