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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/382

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[vers 8017]
LE LIVRE

« Par tous les ſairemens qu’on fait,
« Je les vi en preſent mesfait ;
« À vous le di j’y ſui tenus,
« Et pour ce ſui-je cy venus. »

Quant Phebus oÿ la nouvelle
Du Corbel, qui diſt que la belle
Qu’il aime de fin cuer entier
Le laiſt pour un autre acointier,
De ſon chief chéy ſa coronne,
Et ſa harpe qui ſouef ſonne
De ſes mains chéy à ſes piez.
S’il fuſt férus de .ii. eſpiez
Parmy le corps, il ne fuſt mie
Plus dolens qu’il eſt pour s’amie,
De ce qu’on li a raporté
Que vers li a fait fauſſeté.
Mais, ce n’eſt pas neceſſité
Que quanqu’on dit ſoit vérité ;
N’en ce qu’on dit n’a pas le quart
De vérité, ſe Dieus me gart.
Phebus trop forment ſe tourmente,
Trop ſe complaint, trop ſe demente,
Trop a de mal & de dolour ;
En ſa rage & en ſa furour,
D’aventure la belle vit.
Or orrez comme il ſe chevit :
L’arc priſt, la fleſche miſt en coche,
Et ſi roidement la deſcoche
Qu’à Coronis l’a traite ou pis,
Pour ce qu’elle fu acoupis.
Coronis chiet toute eſtendue,
Li cuers li fault, & la véue