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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/393

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DU VOIR-DIT.

Qui m’a eſté nourrice & mere.
Or m’eſt com mort ſure & amere.
S’il eſt voirs ce qu’on m’en a dit,
Autrement, ne di-je en mon dit.

(Reſponſe au tiers cercle.)

Chieri ſi amoureuſement
L’ay, & ſervi ſi humblement,
Qu’en li ma droite entencion
Et mon imaginacion,
Mon cuer, mon plaiſir, ma penſée,
Eſtoit en li ſans deſevrée.
Car ſa grant biauté m’excitoit,
Et ſa douceur m’amoneſtoit
D’entroublier mon créatour,
Pour ſon gent corps à cointe atour.
N’au monde n’avoit créature
Fors lui de quoy j’éuſſe cure ;
Quant en amours or m’a traÿ,
Et, ſans nulle cauſe, haÿ !
S’il eſt voirs ce qu’on m’en a dit,
Autrement, ne di-je en mon dit.

(Reſponſe au quart cercle.)

Plus douce que vois de ſeraine,
De toute melodie plaine
Eſt ſa vois ; car quant elle chante
Mon cuer endort, mon corps enchante,
Ainſi com Fortune enchantoit
Ses ſubgiez quant elle chantoit,
Et les decevoit au fauſſet,
Pour ce que malvaiſe & fauſſe eſt.
Ce tour m’a fait ma dame gente,
Qui reſſemble le vent qui vente
Qui legierement va & vient,
Et ſi ne ſcet-on qu’il devient.