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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/403

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DU VOIR-DIT.

Car je ſçay bien que vous en avez fait depuis que je n’oÿ nouvelles de vous. Et j’ay veu une balade en laquelle il a En lieu de bleu dame vous veſtez vert, & ſi ne ſcay pour qui vous la ſéiſtes ; ſe ce fu pour moy, vous avez tort. Car, foy que je doy à vous que j’aime de tout mon cuer, onques puis que vous méiſtes & envelopaſtes mon cuer en fin azur, & l’enſermaſtes eu treſor dont vous avez la clef,[App. LXXXIX.] il ne fu changiez ne ne ſera toute ma vie. Car ſe je le voloie bien, ne le pourroie-je faire ſans vous, car moy ne autres n’en porte la clef que vous. Si en poez einſi eſtre aſſeur, comme ſe vous le teniez en voſtre main. Mon chier amy, je vous pri que vous me vueilliez renvoier par ce meſſaige le commencement de voſtre livre, celui que vous renvoiay pieſſa. Car je n’en retins point de copie, & je l’ay trop grant fain de veoir. Et ſe les lettres ſont mal eſcriptes ſi le me pardonnez : car je ne trueve mie notaire tousjours à ma volenté.[1] Eſcript .xe. jour d’octenbre.

Voſtre tres-loial amie.


Or avez oÿ le reſcript
Que Toute-belle me reſcript,
Les pleurs, les lamentacions,
Et les humbles affliccions,
Les ſeremens, les griés penſées
Qui ſont en ſon cuer amaſſées.
Et, certes, qui bien conſidere,
Honte ſeroit & grant miſere
Qu’une bonne dame juraſt
Si forment & ſe parjuraſt ;
Ne le contraire ne croiroie

  1. C’eſt-a-dire qu’elle n’a pas trouvé un auſſi bon copiſte ou notaire qu’elle eût voulu. Nouveau témoignage de l’usage de dicter ſes lettres, ou de les faire copier par d’autres. — Nous ſommes au 10 octobre 1363.