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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/416

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[vers 8881]
LE LIVRE

« Que je ſuis ſon loial amy,
« Sans barat & ſans tricherie,
« Et ſans partir, n’à mort n’à vie.
« Et, pour ce qu’elle mieus vous oie,
« Li eſcriray qu’elle vous croie ;
« Si que mes lettres porterez
« Quant de ci vous departirez,
« S’il vous plaiſt & je vous en pry.
« Et pour ce qu’ay fait lonc detry
« D’envoier vers elle & eſcrire,
« S’il vous plaiſt vous li povez dire
« Qu’elle m’a, long temps a, tramis
« Une lettre, ſi que j’ay mis
« En ces preſentes la reſponſe,
« Où il n’a pointure ne ronce,
« Fors que courtoiſie & douceur,
« Pais, joie, amour & toute honeur. »


XLV. — Mon tres-dous cuer & ma tres-douce ſuer & ma tres-chiere dame, plaiſe-vous ſavoir que je deſire moult à ſavoir voſtre bon eſtat, ſeur toutes les choſes que Dieu & Nature firent onques ; & du mien je ſuis en tres-bon point, la mercy Noſtre Seigneur, fors d’une ſeule choſe, c’eſt de vous véoir. Mais ce que je voy & cognoy que ce n’eſt mie par voſtre deffaute, ains eſt par ma miſere qui me fait & a fait telle plaie & ſi mortel en mon fin cuer loial & amoureus, que jamais ne ſera ſanée ſe voſtre douceur ne la cure. Mais, par m’ame, je ne le puis amender, ainſi come vous le ſarez cy après, ſe Dieus plaiſt & je puis ; & oultre pooir nient. Et, mon dous cuer, il ne convient point vous excuſer pardevers moy, ſe vous ne m’eſcriſiez plus ſouvent ; car, par Dieu, il me ſemble que vous en faites trop & tant que jamais ne le pourvoie deſſervir. Et ſi ſcay certainement que vous faites tout en bonne intencion, ne tous li