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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/42

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NOTICE

étoit plus jeune que ne l’avoit été Machaut, il avoit en revanche de plus rudes façons d’aimer. Dans un accès de jalouſie, il lui étoit même arrivé de battre ſa maîtreſſe, la belle vicomteſſe d’Ouchy.[1]

Mais ne perdons pas de vue Mademoiſelle d’Armentières, & juſtifions, par une dernière preuve qu’on eſtimera peut-être ſuperflue, le grand rôle qui lui appartient dans le poëme du Voir-Dit.

En 1377, quand mourut Guillaume de Machaut, un autre poëte, Euſtache Deſchamps bailli de Valois, ſon élève, adreſſa une balade à la dame dont ſon maître avoit toujours été l’ami. En voici le premier couplet :

Après Machaut qui tant vous a aimé,
Et qui eſtoit la fleur de toutes flours,
Noble poëte & faiſeur renommé
Plus qu’Ovide, li vrais maiſtres d’Amours,
Qui m’a nourri & fait maintes douçours,
Veuillez, lui mort, pour l’amour de celui,
Que je ſoie voſtre loial ami.

M. Tarbé s’eſt encore étrangement mépris ſur l’intention aſſez claire de cette balade. « Euſtache Deſchamps, dit-il, écrivit à la Comteſſe de Foix une balade railleuſe. Le trait du

  1. Voyez dans les Lettres de Malherbe, la xve du troiſième livre où il demande pardon à la Vicomteſſe de ſa brutalité.