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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/422

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[vers 8964]
LE LIVRE

« Et fait de ſouſpirs amoreus,
« Et d’autres qui ſont dolereus ;
« Et autant comme il a de trais
« D’arc, d’arçons, d’arbaleſtes trais,[1]
« Et de pennes & de pinceaus,
« Et qu’on a mengié de morceaus,
« Et fera dou commencement
« Du monde juſqu’au finement. »

Il reſpondi : « Par Saint Martin !
« Trop me faurroit lever matin
« Se tout ce dire li voloie ;
« Et, par ma foy, je ne ſaroie :
« Mais mon pooir & mon devoir
« En feray, ſachiez-le de voir. »

À tant ſe départi de moy,
Le premier jour du moys de Moy ;
Et erra tant par ſes journées
Qu’il a mes lettres preſentées,
Et parfiſt ſa legacion
Si tres-bien, qu’en droite union
Miſt nos .ii. cuers, & ſi les joint
Que jamais ne ſeront desjoint,
Departis, ne deſaſſemblez ;
Car par amours ſont aſſemblez,
Et par la déeſſe Venus.
Que tous les haus dieus ſont venus,
Et les déeſſes enſement
Qui onques amoureuſement
Amerent, à ceſſe aſſemblée,

  1. Var. Fais en papier ou en parois.