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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/44

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NOTICE

deux tiers de ſa population, peſte dont Guillaume de Machaut a fait dans un autre poëme (le Jugement du roi de Navarre) une deſcription aſſurément comparable pour l’éloquente énergie au fameux récit de la peſte de Florence, préambule au Décameron.[1] « Cette année-là, nous dit-il, quiconque vouloit garantir ſa vie s’enfermoit chez lui & renonçoit à toute communication avec ſes meilleurs amis, ſes parens les plus proches. » Machaut, après ſix mois de complète recluſion, avoit enfin oſé entr’ouvrir ſa fenêtre, en entendant le ſon des joyeux inſtrumens qui annonçoient la fin de l’épidémie. Rien de tout cela n’a pu ébranler le parti pris de M. Tarbé, ni l’empêcher de confondre la première invaſion du terrible fléau avec ſon retour paſſager, quinze ans plus tard.

Quelle eſt donc la véritable date du Voir-Dit ? Que Guillaume de Machaut ſoit né en 1300 ou vers 1315, l’incertitude de ce premier point ne ſauroit empêcher que ſes amours avec Peronnelle d’Armentières, la correſpondance & les vers qui nous en révèlent le ſecret, ne répondent aux trois années 1362–1364. Il eſt aiſé de le démontrer.

Si, pour engager Peronne à ne pas traverſer

  1. On peut lire cette deſcription dans les fragmens publiés par M. Tarbé, ſous le titre : Poéſies de G. de Machaut. 1849, p. 68–76.