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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/45

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SUR LE POËME DU VOIR-DIT.

la ville de Paris, Guillaume lui fait craindre les effets de la contagion, c’eſt que la peſte noire, comme de notre temps le choléra aſiatique qui offrit avec elle tant d’analogie, avoit reparu à diverſes repriſes & notamment en 1363. Elle fit cette année-là dans l’Île-de-France de grands & nouveaux ravages, comme le conſtate Jean de Venettes, continuateur de la Chronique de Nangis.[1] Guillaume de Machaut avoit, un peu auparavant, chargé un orfèvre de Paris de tailler & ciſeler un joyau qu’il deſtinoit à Peronnelle ; nous le voyons accuſer du retard de cet envoi l’épidémie régnante, puis écrire un peu plus tard : « Je vous avois fait faire aucune choſe à Paris ; mais on m’a dit que l’orfèvre eſtoit mors, ſi croy que je aurai perdu ma beſongne & mon or… » (Lettre XLI.)

Dans une autre lettre, il exprime la crainte de rencontrer, en allant de Reims vers ſa maîtreſſe, l’Archiprêtre & les Bretons de la Grant Compaigne. Or, le fameux Arnaud de Cervoles, ſurnommé l’Archiprêtre, ne parut avec ſes Bretons & ne s’arrêta en Champagne qu’à la fin de 1362 & en 1363. Il y venoit aider le ſire de Joinville à réſiſter au duc de Bar & au duc de Lorraine, « En ce temps (1363), dit encore Jean de Venettes, il y eut une grande guerre entre

  1. Voyez plus loin la note 2, page 265.