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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/458

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APPENDICE.

Comment li ancien entailloient
L’image d’Amour…

Il eſt à remarquer que dans le Moyen âge & juſqu’à la Renaiſſance, les peintres & imagiers, d’accord en cela avec l’inſtinct naturel du genre humain, n’admettoient jamais de nudités dans leurs compoſitions. Ils donnoient un vêtement même au petit dieu d’Amour. Dans leurs peintures du Jugement de Paris, Vénus étoit encore à demi vêtue ; à plus forte raiſon Junon & Pallas qui devoient y perſonnifier : Junon la puiſſance & la richeſſe, Pallas la ſageſſe & la vertu. Les artiſtes anciens eux-mêmes étoient beaucoup moins prodigues de nudités que ceux de nos jours ; ils n’enlevoient leurs vêtemens qu’à certaines divinités, ſymboles plus ou moins directs de l’acte de la génération. On diroit fait pour la Vénus pudique ce charmant diſtique d’Ovide :

Ipſa Venus pubem, quoties velamine ponit,
Protegitur laeva ſemireducta manu.

(De Arte amator., lib. II, v. 613.)

Il eſt aſſurément plus aiſé de faire une belle femme nue qu’une belle femme vêtue : mais combien la draperie ajouteroit, par exemple, à la juſte expreſſion des Trois Grâces, qu’on s’obſtine à nous repréſenter entièrement nues ! Belles aſſurément ſous le pinceau de Raphaël ou de Rubens, mais gracieuſes non. Auſſi les nudités devroient-elles être rarement étalées dans les expoſitions publiques ; elles ont, dans l’intimité, aſſez d’occaſions de prendre leur revanche.

« Et monſtre, nés à la carole. »

« Qu’elle montre à tous ceux qui l’approchent ; comme nous diſons familièrement aujourd’hui : à la ronde ou à la cantonade. La Carole étoit la ronde aux chanſons que les petits enfans ſeuls pratiquent encore.