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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/58

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[vers 123]
LE LIVRE

« Et pour ç’à vous ſe recommande
« Cent mille fois, & ſi vous mande
« Qu’en tout le monde n’a perſonne
« Tant ſoit riche, belle ne bonne,
« Dont tant ſe péuſt resjouïr,
« Com de vous véoir & ouir.
« Et ſi, ne vous vit en ſa vie ;
« Mais elle en a trop grant envie.
« Et, dous ſires, s’il pooit eſtre
« Que vous veniſſiez en ſon eſtre,
« Elle vous ſeroit tele chiere,
« Si amoureuſe & ſi entière,
« Qu’elle devroit tres-bien ſouffire
« Au plus grand ſigneur de l’Empire.
« Et, par Dieu, ſe c’eſtoit un homme
« Qui péuſt aler ainſi comme
« Li homme vont, & tempre & tart,
« Vous verriés ſon tres-dous regart
« Dedans .iij. jours ou dedens quatre ;
« Car elle ſe venroit esbattre
« En ce païs prochainement,
« Pour vous véoir tant ſeulement.
« Et pour ce qu’elle ne vous puet
« Véoir, dont li cuers moult li deult,
« Véez ce qu’elle vous envoie
« De ſon faict ; &, ſe Dieus m’avoie,
« Je ne me doy pas de ce taire,
« Car j’eſtoie preſent au faire. »

Si me bailla un rondelet
Qui n’eſtoit pas rudes ne let,
Et en tous cas ſi bien ſervoit,
Que nulz amender n’i ſavoit.