Aller au contenu

Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[vers 95]
5
DU VOIR-DIT.

« C’eſt l’eſcharboucle qui reluiſt
« Et eſclarciſt l’obſcure nuit ;
« C’eſt en or li fins dyamans
« Qui donne grace à tous aimans ;
« C’eſt li ſaphirs, c’eſt li eſmaus
« Qui d’amours puet garir les maus.
« C’eſt droitement la treſmontaine[1]
« Qui cuers au port de joie maine ;
« C’eſt l’eſmeraude qui resjoie
« Tous triſtes cuers & met en joie :
« C’eſt li fins rubis d’Oriant
« Qui garit tous maulz en riant :
« Briefment, c’eſt la roſe vermeille[2]
« Qui n’a ſeconde ne pareille,
« Aſſez parler vous en porroie,
« Mais juſqu’à mil ans ne diroie
« Le bien, l’onneur, le ſens, le pris
« Qui ſont en ſon gent corps compris.

« On li a dit & raconté
« Qu’un yver & près d’un eſté
« Avez eſté griefment malades :
« Et que, toudis, faiſiés balades,
« Rondeaus, motés & virelais,
« Complaintes & amoureus lais.
« Dont elle dit que c’eſt trop fort
« D’avoir en un cuer tel confort,
« Et qu’avoir puiſt penſée lie,
« Tant ſoit chargiés de maladie.

  1. L’étoile polaire.
  2. On prononçoit brément, en deux ſyllabes, de même plus bas griefment, grément.