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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/63

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DU VOIR-DIT.

« Volontiers le deſſerviroie
« Par devers vous, ſe je pooie,
« Et dou travail qu’avez éu,
« Dont je n’ay pas fait mon déu[1]
« Envers vous, ſi com je déuſfe,
« Combien que tenus y féuſſe.
« Je vous en mercy humblement,
« Et vous jure, par mon ſerment,
« Que vous me poez commander,
« Et tout penre, ſans demander,
« Mon corps & quanque j’ay vaillant ;
« Et tant com j’auray un vaillant,
« Chiers compains, vous y partirés.
« Mais dites-moi, quel part irés,
« Au departir de ceſte place ? »
Et cils diſt : « Se Dieus me doinſt grace,
« J’iray tout droit par devers celle
« Qui ſon vray ami vous appelle,
« Et le plus toſt que je porray.
« Mais, auſſi vray com je mourray,
« Je ſuis certains qu’elle vous aime,
« Et, par tout, ſon ami vous claime.
« Et ſe riens li volés eſcrire
« Ou mander, ou de bouche dire,
« Commandés & je le feray,
« Et bon meſſager en ſeray ;
« Car, par ma foy, j’ay grant deſir
« De faire voſtre bon plaiſir. »

Et je li reſpondi en l’eure :
« Chiers amis, ſe Dieus me ſequeure,

  1. C’eſt-à-dire : Dont je n’ai pas acquitté la dette.