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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/64

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[vers 292]
LE LIVRE

« Moult volentiers li eſcriray,
« Et ma reſponſe vous diray ;
« Par quoy mieus en ſachiés parler,
« Quant devers li vorrés aler.
« Mais vous, ſerez mon ſecretaire,[1]
« Pour parler à point & pour taire :
« Et par tel rime mon reſcript
« Feray, comme elle m’a eſcript. »

Si qu’en preſent fis, ſans attente,
Ce rondel pour ma dame gente.

RONDEL.

Tres-belle, riens ne m’abeliſt,
Ne donne pais, n’aligement,
Sans vous à qui ſuis ligement.
Quant vo biauté qui embeliſt
Tous dis, ne voy & vo corps gent,
Tres-belle, riens ne m’abeliſt,
Ne donne pais, n’aligement.

Et vo douceur qui adouciſt
Mes mauls & gariſt doucement,
M’eſt trop lointaine vraiement.
Tres-belle, riens ne m’abeliſt,
Ne donne pais, n’aligement,
Sans vous à qui ſuis ligement.

Ce fait, de moy ſe deſparti,
Et me laiſſa, à cuer parti

  1. Machaut lui propoſe ici d’être déſormais le confident ſecret & diſcret de ſa correſpondance. C’eſt lui en effet auquel rien ne demeure caché, & qui ſemble avoir écrit le plus ſouvent ſous la dictée de la dame.[App. V.]