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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/83

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DU VOIR-DIT.

Le ſecret qui eſtoit dedens,
Ains les liſoie entre mes dens.
Et quant je vi le contenu,
Ne ſceus qu’il me fu avenu,
Tant fui doucement pourvéus
Des biens d’Amours & repéus.
Si vous diray ce qui m’avint :
De ſouſpirs getay plus de vint,
Et puis demanday à mengier,
Si menjay bien & ſans dangier.
Et puis un petit m’endormi ;
Mais je mis mes lettres ſur mi,
C’eſt à dire deſſeur mon cuer,
Car ce n’oubliaſſe à nul-fuer.
Après dormir je fui trop liez,
Et non pas com homs eſſiliez,
Deſconfortés ne deſconfis ;
Mais de cela ſoiez tous fis
Que dedens .ij. jours m’en levay,
Je me baignay, je me lavay,
Et me mis en eſtat déu,
Le plus cointe que j’ay péu.
Dont moult de gent ſe mervilloient,
Quant en tel eſtat me véoient.
Ainſi fu, comme dit vous ay,
Et lors ma penſée arrouſay
De plaiſance & de gaieté,
Et de toute joliveté :
Et mis cuer & corps & eſtude,
Comment qu’il ſoient aſſez rude,
En ma douce dame honnourer,
Servir, amer & aourer.
Et, par Dieu, faire le devoie