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Page:Machaut - Le Voir Dit, 1875.djvu/85

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DU VOIR-DIT.

N’on ne la puet tirer de là,
Pour l’iave qui couverte l’a.
Mon pain en mon ſachet menjoie,
Sans avoir léeſce ne joie,
Et auſſi moult me deſplaiſoit
Tout ce qui aus autres plaiſoit.
Et tout ce vint, por une perte
Qui fu pour moi trop mal aperte ;[1]
Car depuis que je la perdi
Léeſce à moi ne s’aherdi,
N’onques puis ne fis chiere lie ;
Fors puis que ma dame jolie,
Qui de tous maus garit & cure,
Me prinſt de ſa grace en ſa cure.
Et, par teles merencolies,
Me vinrent les grans maladies,
Les doleurs & les grans meſchiés,
De quoy j’ay eſté entechiés.
Mais c’eſt choſe que nuls ne puet
Amender, quant Dieus ne le vuet.
Si revenray à mon propos
Qui eſt de joie & de repos.

La bele me purifia
De tous vices ; & plus y ha,
Que joie & vie me rendi.
Mais ſon labeur pas ne vendi,
Ainſi le fiſt par droite franchiſe,
Com dame large & bien apriſe.

Or penſons que les dames font ;

  1. Il entend ſans doute parler de l’infidélité, du mariage ou de la
    mort de Jehanne, ſa première amie.